Une société de rejet à l’égard des personnes obèses

4 Jan

On peut maintenant affirmer grâce à la partie précédente, que notre société génère de l’obésité notamment par une société de consommation et par la publicité. Cependant, nous pouvons constater que cette dernière va par la suite exclure les personnes obèses qu’elle a elle même engendrées. En effet, nous allons tout d’abord voir que notre société véhicule un diktat qui prône la minceur comme idéal de beauté. Ce phénomène de dictature va alors dévaloriser ces individus au niveau professionnel et elles vont être victimes de nombreuses discriminations.

Le diktat de la minceur

Durant les XVIIIe et XIXe siècles, les rondeurs des femmes étaient l’exemple de beauté idéal, leur corps voluptueux était gage de bonne santé et de richesse. En revanche, de nos jours ces formes ne se révèlent plus être vues comme un modèle. La minceur est aujourd’hui un des principaux critères sociaux de beauté, les femmes tentent alors de s’y conformer même si cela n’est pas forcément nécessaire. Le regard des autres influence nos opinions et nos comportements, les  individus le redoutent car il est souvent intolérant et intransigeant.

Il existe, aujourd’hui, un diktat de la minceur qui est principalement véhiculé par les médias. Les nombreux messages  pour les régimes font inconsciemment  penser aux femmes que leur corps est imparfait et qu’il nécessite un travail permanent. Les marques en profitent alors et lancent sur le marché de plus en plus de produits minceurs qui sont diffusés par la télévision, les magazines ainsi qu’internet. Ces derniers incitent les femmes à les consommer en prenant comme égérie des femmes minces qui feront vendre.

Les magazines féminins quant à eux, regorgent d’articles aidant les femmes à perdre du poids ; on trouve même sur leur site internet, une rubrique spéciale « minceur » proposant des recettes de régime ou des programmes amincissants. D’après le Ministère de la santé, plus des trois quarts des magazines expliquent comment modifier son apparence grâce à un régime ou à la chirurgie esthétique, ce qui provoque alors parfois une alimentation contrôlée qui tourne parfois à l’obsession.  En effet, en France, d’après une étude de l’Inserm (Institut de la Santé et de la Recherche Médicale) réalisée en 2012, sept femmes sur dix et un homme sur deux souhaiteraient perdre du poids. Pour 49,6% des sondés, cela leur permettrait de « se sentir mieux dans leur peau » et pour seulement 11,8% cela serait dû à des  « problèmes de santé ». Peser moins est devenu une obsession pour les français. En effet, environ 30% des femmes ont déjà essayé cinq régimes dans leur vie et 9% en ont déjà fait plus de dix. On peut également vérifier cette réalité au sein de notre lycée. En effet, 48% des élèves interrogés ayant une corpulence normale jugent nécessaires de perdre quelques kilos. Par ailleurs, ce qui est encore plus inquiétant, c’est qu’environ 6% des personnes maigres pensent qu’elles devraient perdre un peu de poids.

GRAPHIQUE

De plus, ce diktat de la minceur est très présent dans la publicité ; que ce soit pour la vente d’une voiture ou d’un yaourt. Les femmes sont très souvent jeunes et minces ; elles sont en quelque sorte « parfaites ». Les individus sont à la recherche de modèles et vont alors essayer de leur ressembler. On peut facilement vérifier cette réalité  sur les photos de mode et évidemment lors des défilés de haute couture. Notre société est envahie de ces images de femmes « parfaites » ; les médias diffusent un idéal de beauté à laquelle tout le monde veut ressembler. Ces mannequins sont perçues dans notre société comme belles et sexy et font donc vendre ; les femmes s’identifient à elles. Cependant, dans son numéro de janvier 2012, le Plus Model Magazine nous révèle des chiffres alarmants, l’évolution du poids des mannequins a fortement changé, il y a 20 ans, elles pesaient 8% de moins que la femme moyenne ; tandis qu’aujourd’hui le chiffre atteint 23% ! L’IMC de ces tops modèles frôle ou équivaut à l’anorexie. L’influence des médias joue un rôle très important dans cette dictature. Ils transmettent des codes qui influencent chaque individu sur leur façon de penser. On oublie parfois à cause de cela qu’il est tout à fait normal de trouver des individus de poids et de taille différents.

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* Il y a 3 milliards de femmes qui ne ressemblent pas à des mannequins et seulement 8 qui le sont.

Nous savons maintenant que notre société valorise la minceur et que les personnes obèses sont montrées du doigt car elles s’éloignent de l’« idéal de beauté». Les personnes obèses sont très souvent jugées, cependant il existe une obésité relative. En effet, une personne en surpoids peut être perçue comme obèse parce qu’elle ne correspond pas à la norme de minceur. Ces personnes sont alors dites déviantes car elles ne respectent pas les normes de la société mais en réalité elles sont injustement accusées.  Il y a donc une forme d’étiquetage, c’est ce qu’a démontré Howard Becker dans son étude « Outsiders » afin de connaitre les individus déviants.

BECKER ETIQUETAGE

Les individus obèses ou en surpoids sont alors rejetés car ils ne correspondent pas à la norme de minceur; ils sont alors victimes de la stigmatisation. C’est ce même phénomène qui va créer des discriminations sociales.

Les discriminations à l’encontre des personnes obèses

Les discriminations envers les personnes obèses surviennent très tôt, généralement vers l’école primaire où les enfants commencent à se socialiser. En effet, les enfants obèses sont victimes de moqueries et de surnoms tels que « Bouboule » ou encore « Sale gros ». Ils sont souvent exclus et préfèrent s’isoler pour se protéger. Ces enfants ne vont pas se construire comme les autres ; ils ont souvent moins confiance en eux et redoutent beaucoup qu’on les juge. Toutes ces conséquences peuvent avoir des répercussions sur la scolarité de l’enfant. Même s’il n’y a pas eu d’étude statistique prouvant que l’obésité est un facteur de l’échec scolaire, les psychiatres pensent que les phénomènes de rejet et de moquerie peuvent avoir des effets sur leurs résultats scolaires.

Toutefois ces discriminations ne s’arrêtent pas à l’âge adulte. En effet, on peut aujourd’hui affirmer que les femmes sont souvent moins bien payées que l’homme. Cependant, les individus sous-estiment trop souvent  le rejet que subissent les personnes atteintes d’obésité. Pourtant,  il s’agit bien d’un facteur de discrimination dans le cadre du travail, notamment au niveau de l’embauche et du salaire. Les candidats obèses partent avec un désavantage par rapport à leurs concurrents. En effet, selon une enquête réalisée par l’Observatoire des Discriminations, un candidat obèse aurait 2 fois moins de chance de décrocher un poste et 3 fois moins de chance s’il s’agit d’un poste de commercial. On pourrait expliquer cela, par le fait que les recruteurs perçoivent les personnes obèses comme étant démotivés du fait de leur manque de volonté à maigrir, mais aussi comme ayant un manque de dynamisme jugé important au sein d’une entreprise. Ces préjugés nous ont été inculqués par notre société. Cela nous montre que bien trop souvent le physique prend le dessus sur les compétences du candidat.

Une enquête encore plus inquiétante réalisée par l’Observatoire des Discriminations en 2005 montre que les personnes obèses sont même discriminées pour un poste de télévendeur qui est sans contact direct avec le consommateur. Pour ce faire, ils ont envoyé 100 CV quasi-identiques excepté que 50 avaient un « physique standard » tandis que les autres avaient « une surcharge pondérale ». Le résultat est flagrant, en effet, les personnes obèses ont 24% de résultats négatifs de plus que les personnes de corpulence normale.

Sans titre

Les obèses exercent fréquemment des métiers qui ne reposent pas sur le physique. Ils occupent, en effet, généralement des professions dans les secteurs de la santé et de l’action sociale. Ils ont certainement le sentiment de ne pas être acceptés par les autres et évitent de postuler pour des emplois misant sur l’apparence telle que les métiers de représentativité. On distingue donc également une auto-discrimination. 

De plus , une fois que les individus sont embauchés, leur parcours professionnel sera plus difficile au sein de l’entreprise. Ils auront des revenus plus faibles ainsi que des promotions plus lentes à obtenir.

Les femmes sont encore plus touchées par cette inégalité, on peut donc dire qu’elles subissent une double-discrimination du fait de leur sexe et de leur poids. Elles sont souvent au chômage ou contraintes à exercer des emplois précaires. Les hommes quand à eux ne sont pas considérés comme « gros » mais comme « robustes ».

En France, ces inégalités de traitement ont tendance à se multiplier. Or, les recruteurs ne sont pas toujours conscients qu’ils exercent  des discriminations liées au poids au  même titre qu’à l’origine ou au sexe de l’individu. Face à cette situation, il est important de rappeler que toutes formes de discrimination est strictement interdite par la loi.

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